[AUDIO_VIDE] Bonjour! Au cours donc de cette leçon, nous allons maintenant voir les incidences donc de la localisation de la résidence sur donc les comportements de mobilités. Alors, pour ce faire donc, la leçon va être organisée en trois chapitres. Alors, le premier chapitre, c'est sur les différences de niveaux de mobilités entre résidents des quartiers centraux et des quartiers périphériques. Ensuite, on verra successivement qu'est-ce que habiter dans les quartiers centraux ou les quartiers périphériques implique comme comportements de mobilité. Pour appréhender donc les niveaux de mobilité, nous allons nous appuyer sur des données statistiques réalisées sur la ville de Niamey. Donc, et là, qu'est-ce qu'on peut déjà lire sur ce tableau statistique? Nous avons d'une part, donc sur la colonne de gauche, les caractéristiques des variables. D'abord donc, on a les pauvres et les lieux de déplacement. Ensuite, nous avons les riches et les lieux de déplacement. Ensuite, nous avons une deuxième colonne donc qui est consacrée aux mobilités de proximité. Donc sur cette deuxième colonne, donc sur les mobilités de proximité, on va avoir la part de mobilités réalisées selon les lieux. Ensuite, une deuxième sous-colonne sur le nombre de déplacements moyen quotidiens effectués. Et sur la troisième colonne on a donc le pourcentage des déplacements qui ont été effectués à pied sur donc la totalité des déplacements effectués. Vous avez ensuite une deuxième colonne maintenant qui est destinée aux données sur les mobilités donc sur de longues distances, qu'on appelle mobilités au long cours. Et là également, vous avez la même répartition. Vous avez sur une première sous-colonne donc la part de mobilités réalisées dans un lieu donné. Ensuite, vous avez le nombre moyen de déplacements qui ont été réalisés. Et enfin, vous avez la proportion donc, la part de la mobilité à pied sur donc la totalité de la mobilité effectuée tant pour les pauvres que pour les riches. Alors, qu'est-ce que donc on peut tirer de ce tableau? Alors les données précédentes donc sur Niamey permet d'arriver à faire deux comportements de mobilités différenciés selon les quartiers donc qui sont habités. D'une part, nous avons que dans les quartiers périphériques, les pauvres font près de deux déplacements de moins que les riches. Alors ça, c'est une constatation qui avait été déjà faite. Par contre, dans les quartiers centraux, l'écart entre riches et pauvres se diminue parce que donc on a une concentration des possibilités donc administratives, commerciales, financières et, et donc les activités quaternaires et tertiaires donc se trouvent concentrées dans un espace réduit, donc en conséquence, l'écart entre le niveau de déplacements du pauvre et du riche va s'amenuiser. Pourquoi? Parce que tout simplement les distances à couvrir sont très courtes. Donc, l'écart de déplacements se réduit à un point cinq. Alors, quelle est l'incidence du fait d'habiter le centre ou une périphérie par rapport donc aux comportements de mobilités. Alors, d'abord si c'est le centre, comme on a dit précédemment, c'est une concentration donc des possibilités d'emploi, de logement, de recours aux services et également d'activités qui sont donc très élargies, ce qui fait dire que habiter le centre déjà, c'est une ouverture aux ressources de la ville. Et cette ouverture est beaucoup plus favorable, que donc les coûts de la mobilité sont réduits parce que, vu que les distances sont courtes, on peut utiliser la marche et donc, et sur le même temps, on économise sur le coût financier du recours à des modes mécanisés. Qu'est-ce que signifie habiter les quartiers centraux pour les riches et les pauvres en termes de comportements de mobilités. Alors, nous voyons d'abord que les pauvres comme déjà précédemment constaté, sont moins mobiles que les riches qui habitent le centre. Donc on voit que les pauvres ont des déplacements moyens de l'ordre de quatre, donc entre trois virgule neuf et quatre, alors que les riches donc ont des moyennes de déplacements quotidiens de quatre virgule trois à plus de cinq déplacements quotidiens. Et l'autre chose également qu'on peut lire sur les comportements différenciés, c'est que les pauvres, même dans le centre, sont plus dépendants donc de la marche à pied. Alors, c'est le cas de 95 à 98 % donc des déplacements dans le centre sont effectués à pied par les plus pauvres. Alors que pour les plus riches, c'est 67 à 70 %, donc entre deux tiers et quatre cinquièmes donc seulement de ces déplacements qui sont effectués à pied. Il y a une deuxième lecture également qu'on peut faire donc de du fait que les pauvres préfèrent habiter le centre. Parce que le centre, c'est la proximité donc des ressources, comme on a dit, des services comme on a dit, des possibilités d'activités. Et ainsi donc à Dakar, par exemple, 70 % des ménages donc pauvres, donc qui habitent dans les bidonvilles du centre ou bien des quartiers péricentraux, donc 70 % de ces ménages donc, se déplacent à pied vers les différents services qui sont à proximité et dans des durées qui n'excèdent pas une demi-heure. Alors, cette image, donc d'Abidjan donc traduit cette aspiration donc d'habiter au centre où donc ces immeubles illustrent la concentration de tout ce que la ville peut offrir comme ressources donc à la population. Que signifie maintenant en termes de mobilités habiter les quartiers périphériques? C'est ce que nous allons maintenant essayer donc d'appréhender. D'abord disons que les quartiers périphériques des villes africaines depuis quelques, au moins une décennie sont de plus en plus les produits d'un mouvement de migration résidentiel intra-urbaine que les produits des mouvements de migration rurale/urbaine donc, qui ont marqué les années 70. Donc ainsi, en 2000, à Dakar, les deux tiers donc des résidents à Dakar provenaient donc de la ville elle-même. Donc, ça veut dire que Dakar était alimentée dans les années 2000 plus que par un tiers de ces populations qui proviennent donc des migrations rurales/urbaines. Et ceci on peut aller plus loin donc dans l'analyse des chiffres. Ce qu'on constate, c'est que aujourd'hui, on peut dire que dans les périphéries urbaines, 15 % des ménages donc sont des ménages autochtones et 58 % donc sont les produits de migrations résidentielles. Donc, produits de migrations résidentielles intra-urbaines. Donc ce qui nous fait dire que en fait aujourd'hui les périphéries des grandes agglomérations africaines sont les produits d'un mouvement centrifuge de la population. Donc ce sont des résidents qui d'abord, peut-être, ont habité le centre Ensuite la banlieue est dans l'itinéraire résidentiel qui se trouve dans le quartier périphérique, de l'agglomération urbaine. Aujourd'hui, donc, dans nos villes, habiter les quartiers périphériques renvoie d'abord à la mobilité résidentielle. Mobilité résidentielle qui est liée à deux motifs. Le premier c'est l'accès à la propriété et le second c'est la recherche de la stabilité. Seulement, quand on regarde maintenant dans l'analyse les stratégies et les finalités des riches et des pauvres, on voit que ces deux motifs de choix résidentiels n'ont pas les mêmes finalités. Alors l'accès à la propriété pour les pauvres c'est sortir de la précarité à tous les coups et sortir de la précarité à tous les coups ça veut dire devenir propriétaire cesser d'être locataire. La recherche de la stabilité c'est surtout une recherche de capital social. Habiter près de ses amis, habiter près de sa famille, donc, pour pouvoir tirer profit des ressources disponibles au niveau du réseau familial ou bien du réseau social. Par contre pour le nanti, l'accès à la propriété dans les quartiers périphériques c'est d'une part, atteindre un idéal résidentiel. Un idéal résidentiel, c'est-à-dire la détente, l'air libre, une propriété assez élargie et aussi maintenant, la recherche de la stabilité par contre c'est le retour à l'intimité donc elle a été en quelque sorte, une forme de distanciation sociale, s'éloigner donc de cet environnement social pesant et se réfugier dans une banlieue huppée pour atteindre cette intimité que l'on veut donner à son ménage. Ces photos justement, illustrent le sens d'habiter dans les banlieues ou bien dans les quartiers périphériques pour les plus pauvres. Même si on a l'accès à la propriété, les conditions ont permis de fuir la précarité d'être locataire. Mais donc se retrouver dans des conditions de vie relativement difficiles. Si les citadins les plus nantis satisfont leur idéal résidentiel en allant s'installer dans les périphéries urbaines, ils ont également les ressources économiques pour pouvoir s'assurer de la satisfaction de leurs besoins de déplacement. Mais, tel n'est pas le cas pour les plus pauvres. Et cette mobilité des plus pauvres c'est soit le choix d'une mobilité de proximité ou bien d'une mobilité de long cours. Les mobilités de proximité c'est le choix face aux contraintes financières qu'impose la capacité à assurer une mobilité au long cours, en allant vers le centre. Alors, très souvent, ce sont des populations qui choisissent d'installer leur lieu d'activité près de leur lieu de résidence. S'ils bénéficient des avantages d'une mobilité de proximité à faible coût, par contre ils perdent au change parce que ce sont des zones qui ne sont pas assez riches pour pouvoir tirer tous les bénéfices de leurs activités. On a l'exemple donné par certains chercheurs Didier Plat, Amoko iii, des spécialistes des mobilités urbaines, qui dans l'analyse des mobilités en Guinée, à Conakry, et à Gaoual, montre que les commerçants, les petits artisans qui décident de s'installer dans les périphéries à côté de leur lieu de résidence gagnent 22 % de moins à Conakry et 40 % de moins de revenus que ceux qui sont allés s'installer dans le centre-ville. Seulement, le centre-ville c'est à la fois les contraintes du coût de cette mobilité à assurer pour aller travailler, domicile-lieu de travail, mais les contraintes également c'est que les coûts du loyer sont tels que les plus pauvres ne parviennent pas à pouvoir installer leur lieu de travail dans le centre-ville où les gains sont supposés être les plus élevés. En conclusion, après l'analyse des incidences du lieu de résidence et du lieu d'activité sur la mobilité des citadins, alors ce qu'on peut retenir, c'est que en fait, mobilité résidentielle et mobilité quotidienne ce sont deux stratégies qui sont menées par les citadins afin d'accéder à la ressource. Ici il est important de noter que une politique de mobilité, de gestion urbaine ne peut pas être uniquement une politique d'aménagement urbain ou bien une politique de transport, de déplacement urbain uniquement. Voilà, nous arrivons donc à la dernière leçon de cette troisième partie de ce cours sur les mobilités urbaines en Afrique. Et prochainement, on va commencer la dernière partie sur les politiques urbaines de mobilité. Au revoir. [AUDIO_VIDE]