Pour l'instant c'est un secteur qui est très réglementé donc qui nécessite le concours d'équipes techniques, de professionnels. Deux choses, deux questions. La première, comment s'articule la gouvernance politique et puis l'action technique des équipes? Et puis la deuxième question, les évolutions réglementaires de ces dernières années ont été nombreuses. On peut en citer trois, Solvabilité 2, l'ANI et puis la loi Hamon. Quelles conséquences sur la gouvernance de la MACIF mais aussi sur l'activité de la MACIF? >> Sur la collaboration entre les équipes politiques et techniques, j'ai presque envie de dire qu'elle va de soi à la MACIF. Elle va de soi mais évidemment il faut des preuves de ça très concrètement. Et le projet MACIF FUTUR porte un projet qu'on appelle le convergence, c'est-à-dire qu'il n'y a pas un chantier de la MACIF qui n'ait pas des éléments à la fois politique et technique. Je parlais tout à l'heure de la question de la stratégie d'autonomie. On voit bien qu'elle est autant politique que technique puisque le développement des services pertinents ne peut se faire que mis à l'épreuve de notre gouvernance politique ou de partenaires selon les thématique que l'on peut aborder. On peut prendre l'exemple d'Unicité par exemple qui peut être un très bon partenaire pour tester et prouver des offres de services particulières vis-à-vis des jeunes. Donc la collaboration politique technique, elle est permanente à la MACIF et en termes de fonctionnement régulier, courant, elle se vérifie dans le dialogue qui existe au niveau du conseil d'administration et dans l'existence d'une instance qui n'existe pas dans les autres groupes d'assurance qui s'appelle le comité exécutif et qui est composé à parité de représentants des administrateurs, notamment les représentants de nos sept sensibilités, de nos composantes de la gouvernance, et puis des représentants de la direction générale. Et c'est véritablement l'organe de débat, de discussion, d'échanges sur la stratégie du groupe MACIF. Sur la réglementation, on pourrait passer des MOOCS entiers sur la réglementation et l'assurance. C'est vrai qu'on a plutôt tendance dans le secteur de l'assurance ces dernières années à la regarder comme une contrainte. Il ne faut pas oublier qu'il y a eu des moments dans l'histoire, et notamment des moments dans l'histoire du mouvement mutualiste où la réglementation a permis de reconnaître et d'établir institutionnellement nos mouvements. Il est vrai que depuis quelques années la réglementation, elle apporte plutôt un lot de contraintes. Pour autant, moi ma conviction c'est qu'il faut plutôt la regarder comme une opportunité. Puisque quelle est la préoccupation du régulateur? >> La loi Hamon par exemple offre un peu de liberté aux sociétaires. >> Par exemple. Et d'une façon générale notre régulateur qui est l'ACPR, l'Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, a la préoccupation suivante, c'est de garantir que les assurés qui ont confié leurs risques et une partie de leur vie à des assureurs verront les engagements honorés par les assureurs en cas de difficultés. Donc d'où quantitativement des normes de solvabilité, d'où qualitativement des normes sur la protection de la clientèle par exemple ou le respect d'un certain nombre de règles dans la façon dont on propose des contrats d'assurance. Donc il faut voir les choses de façon relativement équilibrée, peut-être une contrainte quand les choses arrivent dessus, mais en réalité c'est une invitation à toujours faire mieux et c'est aussi une protection pour des acteurs qui voudraient rentrer sur le secteur de l'assurance pour nous. Pour autant c'est vrai qu'on a été percuté ces dernière années par des bouleversements réglementaires majeurs. Sans doute le plus significatif d'entre eux, et il a été impulsé il y a maintenant dix ans, c'est Solvabilité 2. Solvabilité 2 c'est un ensemble de dispositions réglementaires venant de l'Union Européenne mais transposées dans le droit français concernant une élévation du niveau d'exigences vis-à-vis des assureurs dans la gestion de leurs risques. Auparavant les assureurs pour calculer leur marge de solvabilité, c'est-à-dire garder dans les fonds propres le minimum nécessaire pour faire face à des coups durs ne considéraient qu'une partie des risques parce que la réglementation était relativement simple. Solvabilité 2 élargit le spectre des risques, dit il y a les risques d'assurance mais il y a aussi les risques financiers, mais il y a aussi les risques opérationnels. Par exemple si l'informatique a des difficultés, il peut y avoir des risques de contrepartie. Si vous avez quelque part pris des engagements en face de quelqu'un qui vous fait défaut. Donc tous ces engagements-là nécessitent une adaptation que nous avons au niveau du secteur depuis plusieurs années sur différents registres. Adaptation quantitatif parce qu'il faut modeler ces risques pour évaluer les fonds propres, et adaptation qualitative parce qu'il faut diffuser dans toute notre activité des dispositifs de contrôle interne, de gestion des risques, de conformité qui font que tous les acteurs de la MACIF deviennent des acteurs de la gestion du risque. Donc ça c'est pour Solvabilité 2 et j'en ai parlé en trois minutes. C'est un sujet qui mobilise et qui nous mobilisent collectivement depuis bientôt dix ans. >> Et une bonne partie de votre temps. >> Et une bonne partie de notre temps effectivement. Sur des approches plus ponctuelles mais tout aussi significatives, nous avons eu depuis deux ans deux ruptures réglementaires majeures. La première qui est survenue c'est l'ANI ou plutôt dans le cadre de l'ANI, l'Accord National Interprofessionnel qui a été signé début 2013, une disposition visant à généraliser la proposition de complémentaires santé à l'ensemble des salariés. Aujourd'hui il n'y a que les salariés des grandes entreprises je résume, qui bénéficient d'une couverture collective. L'ANI veut faire en sorte que toutes les entreprises, même les plus petites proposent ce type de couverture. Concrètement ça veut dire quoi? Ça veut dire que des salariés qui étaient assurés plutôt en individuel puisque leur entreprise ne leur proposait pas de contrats doivent se voir et devront se voir proposer une couverture collective. C'est donc un transfert au sein du marché santé, de l'assurance individuelle vers l'assurance collective. >> Et pour la MACIF? >> Nous ça nous a touchés parce que historiquement nous sommes plutôt un assureur du particulier, et donc de l'individuel. Et donc l'arrivée de l'ANI a nécessité pour nous une anticipation très forte. Déjà, de renforcer notre offre sur le petit collectif, chose que nous avons faite. À la fois au travers de la distribution de la MACIF mais aussi au travers de la distribution de réseaux tiers comme BPCE. Deuxième adaptation c'est de renforcer notre offre sur des publics qui ne sont pas concernés par cette évolution et notamment le public des seniors ou le public des chefs d'entreprise qui n'est pas touché par cette dimension-là. Nous avons je pense bien réussi cette adaptation puisque en 2016, qui a été la première année de pleine exercice de l'ANI, nous avons maintenu et même fait progresser notre portefeuille de santé grâce à cet effort sur les deux lignes que je vous indiquais. L'autre élément d'adaptation très fort, ça a été la loi Hamon. La loi Hamon qui dans la continuité de la loi Chatelle quelque part a achevé de libéraliser, utilisons les mots tels qu'ils sont, la relation contractuelle d'assurance qui était jusqu'à présent basée sur une question de tacite reconduction, puis tacite reconduction avec la loi Chatelle avec un préavis. Là quelque part maintenant un sociétaire, un client, une société d'assurance, dès qu'il a passé au moins une année chez son assureur peut ensuite partir quand il veut. Alors la place a beaucoup discuté de cette évolution, plutôt défavorablement en s'appuyant sur des arguments techniques. Si on ne sait pas qu'on va bénéficier d'une garantie toute l'année, peut-être qu'il y aura besoin d'avoir un complément de garantie complémentaire ou d'arguments plus concurrentiels. Ça va augmenter l'intensité concurrentielle donc il va falloir faire plus de communication, donc ça va coûter plus cher. Bref il y a eu beaucoup d'arguments mais la loi Hamon est arrivé. On peut constater qu'effectivement l'intensité concurrentiel s'est accrue, les taux de résiliation sur le secteur ont augmenté d'à peu près un point. et ils ont augmenté aussi pour la MACIF mais dans les mêmes proportions. En revanche, la baisse du prix d'assurance qui était l'objectif premier de Monsieur Hamon n'a pas été particulièrement atteinte puisque en France les prix d'assurance sont déjà relativement bas et leur fixation ne dépend pas que du jeu concurrentiel, il dépend aussi de la sinistralité qui l'année dernière n'a pas été particulièrement bonne, vous avez pu le noter. En revanche, ce que la loi Hamon a eu d'extrêmement positif c'est qu'elle a obligé tous les assureurs et la MACIF en particulier à réviser ses modes de relation avec les sociétaires. Et en particulier à réagir de façon beaucoup plus rapide, proactive en cas d'expression d'un mécontentement. Et il y a des mécontentements notamment autour de l'échéance et des nouveaux tarifs ou autour d'un sinistre qui serait mal réglé. Donc nous avons mis en place à la MACIF de ce fait des mécanismes d'écoute à chaud comme on dit beaucoup plus performants qu'auparavant et des mécanismes de réaction à ces insatisfactions aussi beaucoup plus réactifs, rapides et d'une certaine façon nous pensons qu'en 2017 nous allons voir revenir vers nous des personnes qui nous avaient quittés après avoir constaté que leur nouvel assureur n'était finalement pas si satisfaisant que ça.