[MUSIQUE] L'assurance, c'est un univers très réglementée. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle le démarrage de zéro est complexe. Dans cet univers très réglementé, il y a un texte qui a trait notamment aux fonds propres qui est structurant et particulièrement structurant depuis quelques années, c'est solvabilité II. Alors est-ce qu'on peut faire un point sur les conséquences... >> Solvabilité II d'abord n'est plus une option. C'est-à-dire qu'on parle de solvabilité comme si on le présente comme étant un objet un peu distinct qu'on regarde sur l'étagère ou à part. Non, c'est le cadre dans lequel nous vivons. Aujourd'hui il n'y a plus solvabilité I. Et on n'est plus dans une configuration où on peut dire, bah tiens, je vais choisir le matin de travailler sur Solva I et l'après-midi sur Solva II. Ça, ça n'est pas possible. C'est le cadre de vie dans lequel nous sommes tous plongés. Il y a des particularités effectivement. Solvabilité II ou I faisait donc référence à la solvabilité. La solvabilité c'est la façon que l'on peut avoir de mesurer la capacité d'un organisme d'assurance à garantir à ses clients ou à ses adhérents ou à ses sociétaires le fait qu'il va tenir ses engagements. En gros, un adhérent pourrait se dire, est-ce que l'entreprise à qui je confie... alors c'est particulièrement vrai sur des produits à risque long comme l'épargne, comme la retraite, l'entreprise à qui je confie mon argent, à qui je fais confiance pour assurer une partie de mes revenus dans mes vieux jours, est-ce qu'elle sera encore là? Est-ce qu'elle sera en capacité à ce moment-là d'honorer les engagements? Est-ce qu'elle sera capable de me rendre l'argent que je lui ai confiée si c'est de l'épargne? Donc pendant longtemps, Solvabilité I avait un mode opératoire et de calcul relativement simple qui était purement quantitatif et qui disait, vous avez tant d'engagements, vous avez tant de fonds propres. On fait le ratio entre les deux ça marche, ça marche pas. C'était donc un calcul plutôt simple et financier, et ça a plutôt bien marché pendant longtemps. Parce que je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de défaillances ou en tout cas qu'il y ait beaucoup d'adhérents qui aient été trompés. Néanmoins, on a tourné la page de Solva I. Et Solvabilité II dont l'origine est anglosaxone-européenne, on a effectivement considéré qu'il fallait avoir une vision beaucoup plus large de l'entreprise dans la maîtrise, la gestion et le pilotage de ses risques. Ça veut dire que dans Solvabilité II aujourd'hui, on couvre une palette beaucoup plus large d'analyses. Vous savez qu'il y a trois piliers dans Solvabilité II, le premier pilier est quantitatif et détermine quel est le besoin de fonds propres nécessaire pour exercer le métier que l'on exerce par rapport aux adhérents que l'on a. Dans le cas d'une mutuelle comme nous qui pratiquons la retraite donc des risques viagers, des risques très longs, ce sont effectivement des risques coûteux en fonds propres. De la même manière, des contrats d'assurance-vie que nous pouvons proposer en compte épargne CARAC ou en compte épargne FAMILLE ou entraide épargne CARAC sont des contrats plus courts mais qui sont porteurs d'un risque puisqu'on prend un engagement de rendre le capital qui nous a été confié avec des intérêts. Donc ce sont des métiers plus dangereux qui nécessitent plus de fonds propres. >> Ça c'est le premier pilier. >> Ça c'est le premier pilier et il nous distingue très fortement des autres mutuelles notamment santé qui n'ont pas de risques très longs et qui peuvent changer le tarif l'année suivante si jamais par hasard il y a une adaptation à faire. Vous êtes probablement avec une mutuelle chez vous pour vos couvertures d'assurance complémentaire maladie, vous allez peut-être voir l'an prochain des tarifs augmentés parce qu'il faut rééquilibrer les comptes. Si vous avez une rente à la CARAC, on la définit au moment où vous l'avez achetée et on n'y touche plus. C'est-à-dire que quelque part c'est nous qui étions entrés en engagement. Ça c'est la partie un. Elle entraîne quand même corrélativement une partie quantitative sur tout ce qui est financier, parce que évidemment ce qu'introduit solvabilité II en termes de risques c'est que si nous plaçons de l'argent en fonds propres sur des catégories d'actifs risqués, on nous demande en proportionnalité de ce risque d'avoir encore plus de fonds propres pour couvrir ce risque là. Exemple, on ne nous demande pratiquement pas de fonds propres supplémentaires pour acheter des obligations d'état français ce qui est une incitation à le faire sans doute. Et en même temps, on nous demande si on est propriétaire de cet immeuble d'avoir des fonds propres supplémentaires parce qu'il y a un coefficient de risques sur le caractère liquide de cet actif etc. Et c'est encore pire évidemment sur des produits de type private equity ou investissements un peu plus risqués. Et tout ceci fait qu'avec effectivement les calculs du pilier I, on détermine le SER sur les besoins de capital nécessaire pour la solvabilité de l'organisme. Dans le pilier deux, on nous demande beaucoup plus. On nous demande d'être dans le qualitatif, l'organisationnel. Il faut que l'ensemble de l'organisme soit équipé, doté d'outils, de compétences, de ressources, qu'il soit organisé pour que on puisse en permanence être certain de pouvoir donner ce calcul et de pouvoir anticiper des mesures éventuelles à prendre. Donc on est effectivement dans une organisation extrêmement nouvelle et différente par rapport à la situation précédente où dans une mutuelle interviennent les élus. Parce que là encore une fois, l'organe de direction c'est le conseil d'administration dans lequel figurent des élus qui sont élus par l'assemblée générale, qui ne sont donc pas des professionnels. Ce sont des gens qui sont tout à fait respectables et honorables. D'ailleurs on leur demande de l'aide parce qu'ils doivent être fit and proper. Et effectivement ce sont des gens dont la compétence est bien réelle mais pas forcément dans le domaine d'activité qui est le nôtre. Donc ça demande aussi de la formation, ça demande de la pédagogie, des parcours un peu longs. En fait c'est une caractéristique qui est propre à la mutualité, c'est que le temps mutualiste est un temps long. Et dans Solvabilité II, il doit s'accélérer un peu parce qu'il faut qu'effectivement il y ait des prises de décisions, il y ait des rapports réguliers à faire etc. Ce qui est par rapport à la vie précédente change quand même beaucoup. >> Bien sûr. Et sur le troisième pilier? >> Là, on est dans la communication, c'est-à-dire qu'effectivement on doit des informations qui sont dues aux régulateurs, aux contrôleurs, qui sont dues aux organes qui nous surveillent, qui sont dues effectivement à une communication publique, qui sont dues à nos adhérents, qui sont dues à nos élus. Donc il y a tout un schéma de communication très régulier et cadencé qui est à faire et qui a une particularité par rapport au précédent, c'est qu'il demande beaucoup de prospectifs. C'est-à-dire qu'il nous demande par exemple dans leur salle le calcul, le rapport qui doit être fait est un calcul qui nous demande de faire des simulations de nos conditions dans le cas où un évènement... des stress-tests, des tests de réactivité, des hypothèses qui donnent lieu d'abord à un débat en amont pour savoir quelles sont les hypothèses qu'on va retenir et ensuite, des outils de calcul et une confrontation qui est ensuite faite et une communication sur la capacité de l'organisme et en l'occurrence de la CARAC à résister demain à une remontée totale des taux par exemple. Ou dans le cas particulier de la région parisienne, il y a une crue centennale. Est-ce que derrière, l'organisation est prise en compte? Est-ce que ça impacte... pour la crue centennale pour prendre un exemple, est-ce que ça impacte notre choix d'investissement sur des typologies d'immeuble? Est-ce que quand on investit dans l'immobilier, la CARAC gère un patrimoine immobilier physique qui est de l'ordre du milliard d'euros. Est-ce qu'on a effectivement quand on achète un immeuble pris en compte le fait qu'il pouvait demain être ou pas? Est-ce que ça intervient dans nos choix de management? Donc ces éléments là sont effectivement reportés, font l'objet d'un reporting très régulier. Le charme de Solvabilité II est peut-être de demain de 2.1 ou 2.2 parce que ça va continuer à vivre, c'est que c'est l'accélération du temps se fait donc on nous demande de rendre ces documents de plus en plus vite. Sur les deux prochaines années, on va devoir raccourcir de 15 jours les envois des premiers, les rapports trimestriels. Et ça entraîne et vous le comprenez assez bien, toute une réorganisation derrière de la chaîne de production de ces documents de la véracité des chiffres pour qu'effectivement des décisions puissent être prises par les bonnes personnes au bon moment. >> Merci pour cette synthèse très complète et très précise de cette réglementation Solvabilité II, cadre de vie quotidienne des mutualistes et des assureurs avec cette dimension du temps qui s'accélère et puis ensuite ces trois piliers d'abord quantitatif et économique. Ensuite organisation, et enfin communication avec cette vision prospective. [MUSIQUE]