[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Bonjour. Nous nous trouvons aujourd'hui dans le laboratoire de photographie. C'est dans cette pièce que nos étudiants, nos collaborateurs enregistrent l'ensemble des éléments de preuves, pièces soumises à expertise, avant que des examens soient effectués sur ceux-ci. Cette semaine, nous allons voir ensemble les difficultés rencontrées par les scientifiques lors de leurs témoignages au tribunal. En particulier, nous allons discuter des difficultés liées aux statistiques. Le but de cette session est de détecter les erreurs commises lors de la présentation ou de l'explication des résultats statistiques au tribunal, et de voir qu'il n'est pas adéquat de multiplier des probabilités d'évènements non indépendants. Nous montrerons également qu'il est incorrect de ne considérer que la probabilité des résultats sachant une seule hypothèse. Et finalement, nous présenterons l'erreur de raisonnement appelée erreur du procureur ou l'erreur de l'inversion ou encore la transposition du conditionnel. Finalement, nous espérons vous faire prendre conscience que des erreurs impliquant des probabilités peuvent se retrouver dans n'importe quel rapport, quelle que soit la discipline, par exemple en matière d'ADN, de documents ou encore en matière de médecine légale. Il est vrai que transmettre la valeur des résultats est une étape difficile, et que le sens commun n'est pas un bon conseiller. Il n'est ni facile d'expliquer les bases des calculs, ni facile de présenter quelle est la signification du résultat numérique. Pendant nos précédentes leçons, nous avons présenté les éléments clés pour interpréter et rapporter les résultats forensiques. Lorsqu'un cas arrive au tribunal, c'est toujours un défi. En effet, les scientifiques forensiques doivent interagir avec les différents membres du système judiciaire, et ces derniers ne sont généralement pas familiers avec les concepts de l'interprétation des résultats forensiques, et typiquement les concepts mentionnés dans la première semaine. Vous vous rappellerez les principes d'interprétation présentés lors de la première semaine. Ceux-ci sont qu'il est essentiel de considérer les informations du cas car nos probabilités dépendent de ces informations, qu'il faut deux hypothèses, par exemple celle représentant la position de la défense et celle relative à la position de l'accusation, ceci pour avoir une approche équilibrée, et que les scientifiques doivent se prononcer sur la valeur des résultats forensiques sachant ces hypothèses et non l'inverse. >> Oui, bien sûr. Tu as raison, Christophe. Et en fait, le célèbre journal Science a publié en mars 2016 une édition spéciale sur les sciences forensiques et les défis associés à l'utilisation de la science dans le contexte des décisions légales et au tribunal. Ils ont démontré que dans beaucoup de disciplines, les scientifiques forensiques surévaluent la force de leurs contributions. Un des sujets de préoccupation, en particulier de cette édition, était comment transmettre les résultats et leur valeur statistique. Comme on le verra, ce problème n'est pas nouveau. Malheureusement, le rôle crucial joué par les statistiques pour l'avancement des sciences forensiques n'est pas encore suffisamment reconnu. Les profanes, les membres du système judiciaire et les scientifiques n'ont pas confiance dans les statistiques. Elles ont donc souvent mauvaise réputation. Elles feraient dire aux chiffres ce que l'on veut. Elles représenteraient mal les faits. Malheureusement, certaines affaires abondent dans ce sens. C'est le cas des affaires Sally Clark, ou d'une série de cas ADN en Grande-Bretagne, par exemple les affaires Deen ou Adams. Nous utiliserons ces deux cas durant cette semaine de cours. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]