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Nous nous mangeons que du biologique, donc de la biodiversité,
et on ne coopère qu'avec du biologique, avec cette biodiversité.
Donc dire l'humain peut s'en passer, c'est d'une stupidité, bien sûr, complète.
Nous ne pouvons pas nous en passer, c'est la première observation.
On est dedans. La Terre est une planète de bactéries.
Quand la vie apparaît dans l'océan il y a à peu près 3,9 millards d'années, 3 900
millions d'années, ce sont des bactéries qui apparaissent dans cet océan ancestral
et qui pendant des millards d'années vont participer à la vie dans l'océan.
Elles vont se cloner, ces cellules,
la première fois où une maman se clone dans deux bébés, copies de la maman, ce
jour-là, la biodiversité démarre, sur une géodiversité qui était là avant, en fait.
La nature, elle commence sur la Terre quand la Terre se forme il y a quatre à
six millards d'années et le vivant, la biodiversité, commencent plus tard,
3,9, on a dit.
Ce qui fait que pendant 700 millions d'années,
il y a une nature sur la Terre, mais sans vie.
Et quand cette vie naît dans l'océan, elle marque profondément, bien sûr,
cette planète Terre.
La vie est partout.
Elle est dans les glaces de l'Antarctique, à moins 89 degrés,
elles est aux sommets de l'Himalaya, elle est dans les grands fonds océaniques,
elle est sur et dans un corps humain, elle a pu aller partout.
Le seul endroit sur la Terre où on la trouve pas,
c'est dans les laves de volcans, parce que là,
effectivement, la température est beaucoup trop élevée.
Donc cet humain est dedans,
il en vit depuis les origines de l'humanité, il baigne dedans.
Les premiers hominidés d'Afrique il y a trois,
quatre millions d'années étaient déjà confrontés à ces bactéries.
Un bébé humain, quand il naît, son premier contact avec le globe terrestre,
c'est les bactéries du tractus génital de sa maman.
Il sort de sa maman, il n'a pas envie de venir, mais bon, elle, ça fait neuf mois
qu'elle l'attend, elle en a un petit peu marre, donc il vient sur la Terre.
Et ce contact entre ce bébé et ces bactéries de sa maman est très important
dans la contamination de ce bébé au démarrage.
[MUSIQUE] En fait, la biodiversité, c'est quoi?
C'est tout ensemble des créatures vivantes qui existent sur la Terre, les bactéries,
je vous l'ai dit, les protistes, les unicellulaires, les champignons,
les plantes et les animaux et l'humain est là-dedans.
Donc on a à peu près deux millions d'espèces aujourd'hui sur la Terre,
tous groupes confondus.
Et ces espèces sont organisées en écosystèmes depuis l'origine de la vie.
Elles font leur vie dans l'océan et puis sur les continents.
Alors, la distanciation, elle s'est produite, elle est liée à une seule chose,
c'est l'arrogance de l'humain.
L'humain ne se rend pas compte de ce qu'il est.
Juste un exemple, je vais revenir à mes bactéries.
Depuis 1940, on connaît 300 maladies nouvelles chez l'humain en France,
toutes liées à des questions d'âge, à des questions aussi, bien sûr, de pollution,
à des questions d'exposition au soleil, mais énormément de maladies qui sont liées
aux variations de nos bactéries intestinales.
Donc tout ceci fait que l'humain vit dans ce milieu particulier,
alors il a voulu s'en distancier par arrogance,
en disant moi, je suis super intelligent, j'ai la dignité, les autres n'en ont pas,
on dit souvent ça, l'animal n'est pas digne, nous on est dignes.
Alors, la dignité de l'humain commence quand même par le respect des autres, ça,
on l'oublie un petit peu aujourd'hui.
Donc cette très profonde implication de l'humain dans cette biodiversité
fait qu'on doit imaginer un monde différent.
Qu'est-ce qu'il faut qu'on retrouve aujourd'hui?
C'est de l'harmonie.
Pour qu'on retrouve de l'harmonie entre l'humain et cette nature,
il faut qu'on tue cette arrogance,
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qui est souvent masculine plus que féminine d'ailleurs, l'arrogance.
Le second problème, c'est la cupidité, là c'est autant masculin que féminin.
Et la cupidité, c'est l'envie de gagner très vite de l'argent, souvent en faisant
pas grand-chose, soit en détruisant la nature, soit en la surexploitant.
Ҫa, ça marche plus.
Cette économie-là, elle a montré ses limites dans une Terre qui est finie.
En plus, on est dans un épisode de démographie galopante.
J'écrivais un article cette semaine sur Hiroshima.
Depuis Hiroshima, on a multiplié la population humaine par trois.
On est passé de 2,5 millards d'humains sur la Terre à 7,5 aujourd'hui.
Donc tout ceci est à prendre en considération.
S'imaginer qu'il y a des espèces utiles et nuisibles, ça n'a pas de sens.
La nature n'a pas inventé des espèces, avant que l'humain n'apparaisse,
pour l'emmerder quand il serait sur la Terre un peu plus tard.
Je passe mon temps à dire ça aux chasseurs ou aux pêcheurs.
Il y a pas d'espèces nuisibles ou utiles, il y a des espèces qui étaient là,
certains qui nous empoissonnent l'existence,
il y a des pathogènes pour l'humain,
d'autres effectivement qui peuvent nous rendre des services particuliers.
Mais les classer comme ça, ça n'a pas de sens.
Cette distanciation, elle est venue, en fait, de l'attitude de pays européens,
c'est très différent ailleurs, ou d'Amérique du Nord.
En Asie, ça fait longtemps qu'ils savent qu'ils sont dans la biodiversité,
donc il font beaucoup plus attention à tout ceci, en Inde en particulier.
Donc des sensations peut-être, imaginez, mais il est absolument impératif de
revenir à des relations harmonieuses entre cette biodiversité et l'humain.
Alors après, d'imaginer un jour que l'humain va
rebricoler cette nature pour inventer des trucs qui lui rendent service,
en laissant de côté ce qu'il lui déplaît, ça a pas de sens.
Aujourd'hui, tout ce qui est bricolage de
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C'est vrai que le non emploi pour des jeunes qu'on a formés est une catastrophe
et c'est un problème aussi écologique, ça mène au désordre qu'on voit un petit peu
partout, y compris de terrorisme, ceci dit.
Ҫa mène aussi aux immigrations.
Ce qui veut dire qu'il faut que tous collectivement, on se mette d'accord pour
prendre ça en main très sérieusement, ce n'est pas une histoire d'écolos qui aiment
les papillons aux points bleus, même si on aime aussi les papillons aux points bleus.
C'est une question de bien-être de l'humain sur la planète.
Aujourd'hui, dans les immigrations qui arrivent un peu partout,
regardez ce qui se passe.
Il y a des gens de pays en guerre,
il y a des gens qui ne sont pas de pays en guerre.
Ils viennent d'où?
Ils viennent de régions où il ne fait plus bon vivre chez eux.
Nous sommes contraints, nous pays développés,
à les aider à être bien chez eux.
Ils vont venir et on ne peut pas les accueillir tous, bien sûr.
Aujourd'hui, le climat qui change, à Madagascar, en Asie du Sud-Est.,
j'étais au Laos hier, amène à des émigrations massives d'humains.
La mousson ne vient pas,
parce que nous sommes une année El Niño avec le climat justement qui change.
Les pouvoirs publics non seulement n'en parlent pas suffisamment,
ça c'est ma première remarque, et quand ils le font, ils s'y prennent mal.
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On organise des COP.
Je pense qu'il faut une union très forte entre de la recherche très fondamentale,
il nous faut des physiciens, il nous faut des mathématiciens appliqués,
il nous faut des chimistes, des biologistes, des écologues.
Il nous faut aussi des sciences humaines et sociales.
Des anthropologues, des ethnologues, des sociologues,
il nous faut des économistes et même aussi des philosophes.
Tout ça bien en même temps, avec bien sûr ces pouvoirs publics qu'on évoquait,
c'est important.
De la recherche fondamentale, dont on sort des technologies nouvelles, de l'audace,
de l'innovation, et puis entreprises privées,
très important aussi, puisque c'est elles qui créent les emplois,
ça c'est très important de le rappeler en permanence.
Donc tout ça mis bout à bout avec les ONG qui nous rappellent à l'ordre sur des
problèmes de désordre généraux,
avec une aide des pouvoirs publics pour mettre tout ceci en musique.
C'est pas encore très bien fait, parce qu'on ne met pas la priorité là-dessus.
Qu'on explique enfin que la création d'emploi passe par la préservation de
l'environnement, passe par le maintien de la forêt, par une pêche durable, par une
agriculture intelligente, forcément, bien sûr, avec plusieurs espèces sur la même
parcelle, passe aussi par tous les efforts qu'on pourra faire pour moduler ce climat.
Ce climat, on ne peut plus éviter qu'il ne change, c'est parti.
Par contre, on peut peut-être limiter les dégâts pour
que ce ne soit pas trop difficile.
Donc c'est là en fait que collectivement,
alors on fait de grandes conférences internationales, on était en 2012 à Rio,
on sera à Paris à la fin de l'année pour la COP21.
Tout est nation, premier problème, est-ce que 195 pays peuvent se mettre d'accord?
Si on était 20, ce serait plus facile.
Est-ce qu'on peut parler par régions du monde?
Est-ce que l'Amérique latine peut s'exprimer, du même nom, l'Afrique aussi?
L'Europe?
Et puis aussi passer par un système du cliquet.
Une fois qu'on s'est mis d'accord sur quelque chose, on bloque le système,
pour qu'on ne revienne pas en arrière.
Donc c'est un problème d'organisation du système.
Tout ça mis en place, avec tous les hommes de bonne volonté, on pourra avancer.
L'ours dans les Pyrénées, c'est une invention de gens
qui veulent ramener des ours dans les zones où il y en avait auparavant,
où on est resté quatre siècles sans ours.
Pourquoi pas?
A condition de bien les choisir.
Les requins jouent un rôle fondamental, les ours aussi, parce que les carnivores
de Bucegi ont un rôle très important dans l'organisation des écosystèmes.
On les appellent les clés de voûte.
Donc, en fait, on les sauve pas pour les beaux yeux des requins et des ours,
on les sauve parce qu'ils organisent les écosystèmes.
On a beaucoup travaillé là-dessus et les grands carnivores sont importants pour
maintenir cette harmonie que j'évoquais tout à l'heure.
En fait, je ne suis pas pour sauver quelques espèces emblématiques,
je me bats pour que ces écosystèmes continuent à beaucoup mieux fonctionner et
ils ont leur part dedans.
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