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>> Nous accueillons
aujourd'hui Bernard Saincy qui est président fondateur d'un cabinet de
conseil Innovation Social Conseil, >> par ailleurs
chargé de cours à l'Institut d'Études Politiques de Paris,
tout ça après un long parcours en entreprise.
Alors est-ce que vous pouvez nous présenter rapidement qui vous êtes,
et votre votre cabinet?
>> Oui, j'ai créé le cabinet Innovation Sociale Conseil en fin 2013.
J'étais précédemment directeur de la responsabilité sociétale chez
GDF Suez à l'époque qui s'appelle maintenant ENGIE, et ce cabinet
a vocation à créer des alliances entre des grandes entreprises,
des entreprises, et des associations de terrain et des collectivités.
C'est-à-dire qu'on est en plein dans le sujet des alliances et c'est l'objet de ce
cabinet Innovation Sociale.
>> Vous venez de présenter brièvement la mission de Innovation Sociale Conseil.
Est-ce que concrètement,
il y a un exemple de partenariat, de projet de vous avez accompagné?
>> Oui, je peux en citer deux.
Le premier, c'est le Chênelet, qui est situé à côté de Calais,
qui est une entreprise sociale de 300 salariés, qui fait des maisons écologiques
pour population pauvre, et qui avait besoin de partenariats avec des
investisseurs privés et aussi des donateurs, et donc je suis intervenu pour
trouver ces donateurs, notamment, je n'étais pas le seul mais j'y ai participé,
et puis construire la stratégie du Chênelet dans son changement d'échelle.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui ils construisent une centaine de bâtiments
qui sont destinés à des populations très pauvres, qui sont
proposés par la municipalité, par les municipalités, communautés de communes,
et qui veut aujourd'hui changer d'échelle, c'est-à-dire avoir un modèle
qui soit un modèle adaptable dans d'autres régions que le nord de la France.
>> Et le rôle de la collectivité dans cette démarche?
>> Essentiellement c'est la collectivité qui fait un bail communal pour construire
les maisons de Chênelet, et puis c'est aussi la collectivité qui sélectionne,
entre guillemets, selon ses procédures habituelles,
les gens qui sont dans des situations telles qu'ils peuvent être logés dans ces
>> logements particuliers,
le Chênelet étant lui-même un bailleur très social,
enfin selon la définition du bailleur très social.
>> Donc on retrouve bien les trois interlocuteurs, c'est-à-dire le Chênelet,
entreprise sociale, la collectivité,
et puis les différents partenaires que vous avez aidé à retrouver.
Un deuxième exemple?
>> Le deuxième exemple, c'est le Travailler et apprendre ensemble,
qui est donc >> une entreprise sociale de
Nogent-sur-Marne qui a été créée par le mouvement ATD Quart Monde,
et qui est une entreprise laboratoire pour réinsérer des personnes très,
très éloignées de l'emploi.
C'est-à-dire sur la base non pas de contrats d'insertion comme ça fait,
ça se fait couramment,
mais sur la base de CDI ; l'idée c'est de montrer que personne n'est inemployable.
Et là on a donc une association, une grande association, ATD Quart Monde,
on a une municipalité, celle de Nogent-sur-Marne, et puis on a des
investisseurs et des donateurs privés, qui sont des grandes entreprises
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essentiellement, qui permettent à cette entreprise de travailler.
Et moi mon cabinet est intervenu pour mettre ces gens en tas,
pour essayer de les faire dialoguer, puis c'est eux qui trouvent les solutions,
puisque c'est ça qui est extraordinaire dans ce type de projets,
c'est qu'en fait il suffit de mettre les gens en dialogue,
d'essayer de leur donner un petit peu quelques éléments,
quelques idées, et après c'est eux-mêmes qui découvrent les solutions.
>> Alors justement, puisqu'on parle de ces alliances entre
différents acteurs d'un territoire, elles se nouent autour d'enjeux,
qui sont des enjeux du territoire, comment peut-on les identifier ces enjeux?
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>> Alors, la première des choses, c'est que le territoire,
>> on va considérer ça comme
une zone de projets, finalement.
Et pour identifier les enjeux, on va avoir peut-être trois étapes,
une première étape qui est la consultation des citoyens, d'une façon générale,
et l'identification des acteurs du territoire, que ce soit les entreprises,
les entreprises de l'économie sociale et solidaire,
les associations, et évidemment les collectivités territoriales.
Ça c'est le premier point l'identification des acteurs,
et leur mise en débat ; l'écoute des citoyens et la mise en débat des acteurs
pour essayer d'identifier les enjeux prioritaires du territoire.
Deuxième point, c'est s'appuyer sur des études qui ont pu être faites
par des collectivités territoriales, ou il y a déjà toute une littérature des études
exhaustives qui ont été faites pour voir qu'elles sont les priorités du territoire.
Et puis, le dernier point ça va être l'expérimentation.
>> Alors pour répondre à ces besoins,
on dit souvent que ces alliances territoriales en fait sont le
résultat d'une triple innovation, innovation de processus,
une innovation de solution, et puis une innovation de modèle économique hybride.
Est-ce que vous validez cette approche, et si oui,
est-ce qu'on peut avoir quelques exemples concrets de cette triple innovation?
>> Oui, alors tout à fait,
je vous le dis tout à fait, c'est comme ça que travaille le cabinet d'ailleurs,
et et beaucoup d'alliances en territoire ont montré ces éléments-là.
D'abord sur la solution, sur les solutions.
Ce sont des solutions innovantes qui sont adaptées au territoire.
Elles sont de deux types ; de type technique on va dire,
solutions techniques, si vous, par exemple,
vous voulez faire de l'accès à l'énergie pour les populations pauvres dans des pays
du sud, vous allez faire de l'hydroélectricité en Indonésie parce
qu'il y a beaucoup d'eau mais vous allez faire du solaire au Mali par exemple.
Donc la solution technique va dépendre des caractéristiques territoriales.
La deuxième chose, c'est le processus.
Le processus ça va être tout simplement un processus de co-construction
avec les différents secteurs.
Et puis le dernier point, ça va être vraiment au niveau du modèle économique.
Le modèle économique, ça ne doit pas être un modèle économique classique, sinon,
je dirais, la réponse au besoin aurait déjà été trouvée.
Ça va donc être des modèles économiques qui vont être à la fois être hybrides
c'est-à-dire qu'en fait ils vont mélanger des fonds d'origine publique et des fonds
d'origine privée, et puis aussi des formes de financement différents.
Ça peut être des subventions par exemple, du don, ou de l'investissement.
Donc on va avoir une hybridation de l'ensemble de ces moyens de financement
qui vont permettre de créer un modèle économique viable.
Et qui vont permettre de répondre surtout à la question qui nous intéresse,
c'est-à-dire la réponse aux besoins des populations.
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